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jeudi 26 janvier 2017

20 Octobre. Roman Polanski

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20 octobre 2013
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   Le choix du cinéaste Roman Polanski, accusé de viol en 1977 pour présider la 42e cérémonie des César, a suscité l'indignation, le contraignant finalement à jeter l'éponge.

   " Il a été meurtri ", a expliqué Thierry Fremaux, sur RTL, qui lui a parlé au téléphone. " Meurtri " ? On ne sait si l'adjectif est assez fort pour mesurer ce qu'a pu vivre Samantha Geimer, la jeune fille, qui l'avait à l'époque accusé de l'avoir droguée puis violée à l'issue d'une séance photo.

   Samantha Geimer a vu elle aussi sa vie dévastée après " l'affaire ". En 2013, nous l'avions rencontrée. Récit.

     C'est donc elle. " La Fille " de l'affaire Polanski. Samantha Geimer a bientôt 50 ans, mais, pour le monde entier, elle est restée la-gamine-de-13-ans-violée-par-Roman-Polanski. Et on ne peut s'empêcher de scruter son visage, à la recherche de celui, si terriblement juvénile, de l'adolescente qui, un jour de mars 1977, s'est retrouvée dans la maison de Jack Nicholson, sur Mulholland Drive à Los Angeles, pour une séance de photos avec le réalisateur de " Chinatown ". Il lui a fait boire du champagne, lui a donné un Quaalude (un sédatif), puis il a abusé d'elle. Dans le jacuzzi.

   Ce soir-là, en rentrant chez elle, Samantha écrira dans son journal intime : " Roman Polanski m'a prise en photo aujourd'hui. Il m'a violée, merde ! "

   Samantha Geimer s'est longtemps cachée. Elle vit à Hawaï, loin de ce passé qui ne veut pas la lâcher. Ce n'est pourtant pas le visage de l'homme qui l'a violée qui la hante. " Si je devais choisir entre le viol et revivre ce qui s'est passé après, je choisirais le viol ", lance-t-elle, provocatrice.

   Pour Samantha Geimer, l'enfer a longtemps été peuplé de policiers, avocats, juges qui la harcelaient, lui demandant de raconter cette soirée : la pénétration anale, les taches sur sa petite culotte couleur rouille - pièce à conviction n° 5 que se disputeront la défense et l'accusation. Et il y avait les journaux racontant des horreurs sur elle, sa mère, sa famille.

   " J'étais présentée comme la petite salope qui voulait profiter du réalisateur célèbre, et ma mère comme la maquerelle n'hésitant pas à monnayer sa fille pour faire carrière."

   Aujourd'hui, Samantha Geimer reprend la main. Elle sort un livre, donne des interviews. Retour d'une semaine en Australie, pour la tournée promotionnelle, elle s'est arrêtée à Francfort, où " le Nouvel Observateur " l'a rencontrée. " C'est la première fois que je faisais un vol long courrier ! " confesse-t-elle. Son mari, Dave, arpente les couloirs, prend des photos " pour l'album souvenirs ". Il dit qu'il est " très fier d'elle ", trouve formidable qu'enfin " elle parle pour elle-même ". Dans quelques jours, ils seront à Paris. Samantha fait la brave, mais avoue : " J'ai un peu peur. C'est là où il habite, il est tellement apprécié chez vous..."

   " Il ", c'est Roman Polanski, ou plutôt " Roman ", comme elle l'appelle. Dans sa bouche, ce " Roman" familier, presque cordial, semble invraisemblable. "

   Ils ont des rapports empreints d'une grande courtoisie. C'est assez étonnant ", note Hervé Temime, l'avocat du cinéaste. Samantha Geimer le répète en boucle : elle souhaite que les poursuites à l'encontre du réalisateur soient abandonnées. Elle lui a pardonné.

   " Ce pardon, on me l'a souvent reproché. Je ne souffre pas du syndrome de Stockholm. Je lui ai pardonné pour moi, pas pour lui. Tout le monde veut me voir traumatisée, brisée, mais c'était il y a trente-six ans, maintenant, ça va, merci. Et tant pis si je ne suis pas la victime idéale, celles que veulent voir les médias ou le procureur."

   Samantha semble parfois éprouver une certaine commisération pour l'homme qui a bouleversé sa vie. " Non, ce n'est pas de la compassion, plutôt de l'empathie. Quand il a été arrêté en 2009, nous aussi, nous avons été encerclés par les paparazzis et obligés de débrancher notre téléphone. Tout est remonté. Je me suis revue, gamine de 13 ans, terrorisée par ce qui me tombait dessus."

   Le 10 mars 1977, après avoir appris ce qui s'était passé ce soir-là, la mère de Samantha porte plainte.

   A Hollywood, Roman Polanski est une star. C'est le veuf de Sharon Tate, assassinée par le fou furieux Charles Manson, et le réalisateur sulfureux de " Rosemary's Baby ". Six chefs d'accusation sont retenus contre lui : " Fourniture de substance réglementée à une mineure, actes obscènes sur un enfant de moins de 14 ans, relations sexuelles illégales, viol par usage de drogue, perversion et sodomie."

   Les parents de la jeune fille veulent à tout prix éviter le procès pour la protéger. Son avocat négocie avec le juge et la partie adverse une procédure de plea bargain : Roman Polanski accepte de plaider coupable, mais seulement pour l'accusation la moins grave, la " relation sexuelle illicite avec un mineur ", en échange de l'abandon de toutes les autres charges. " Oui, il s'en tirait très bien. Mais mes parents se fichaient de le voir en prison. Ils voulaient surtout qu'il reconnaisse qu'il était coupable. Et qu'on en finisse au plus vite ", explique Samantha Geimer.

   Polanski passe quarante-deux jours dans la prison californienne de Chino. La situation se présente au mieux pour lui, au vu des rapports psychiatriques. L'un évoquera même une situation d'" érotisme ludique partagé ", tandis que l'autre vantera la " grande sollicitude " de l'agresseur " concernant une éventuelle grossesse ". " Un euphémisme intéressant pour " sodomie", résume sardoniquement Samantha dans son livre.

   On connaît la suite. Le juge étant revenu sur sa décision de le libérer, Polanski s'enfuit en Europe. Malgré un mandat d'arrêt international lancé contre lui, il ne sera jamais inquiété... jusqu'en 2009, quand les autorités suisses l'arrêtent alors qu'il se rendait à une rétrospective donnée en son honneur. Les Etats-Unis demandent son extradition, laquelle sera refusée par la Suisse quelques mois plus tard. " En 1977, on a eu affaire à un juge qui se préoccupait plus des médias que de la justice. En 2009, c'était pareil. Steve Cooley, le procureur, a ressorti tout ça car il voulait faire sa pub. Comme je ne coopérais pas, il m'a accusée d'être vendue, parce que nous avions fait un procès au civil."

   En 1988, onze ans après le viol, Samantha Geimer poursuit Roman Polanski. " Je n'étais pas assez riche pour poursuivre en diffamation tous les tabloïds qui racontaient des horreurs sur moi. Et oui, avec trois enfants à charge, j'avais besoin de cet argent ", dit-elle sans ambages. Samantha Geimer n'a pas non plus apprécié de voir Polanski donner une version très personnelle de l'histoire dans son autobiographie : " Le procès, c'était une manière de lui dire : " Tais-toi."

   En 1993, elle obtient 500.000 dollars de dommages et intérêts. Polanski a interdiction d'évoquer les événements de 1977. Samantha, elle, s'engage à " l'aider dans la mesure du possible à résoudre ses problèmes légaux avec les Etats-Unis ", à "ne pas exploiter commercialement cette histoire ".

     Le pacte a été amendé avant la publication de son livre. Samantha a également très poliment demandé à " Roman " s'il serait d'accord. " Roman m'avait contactée quand il y a eu un projet de film, " Roman Polanski, A Film Memoir", qui évoque sa vie; et moi, j'ai fait pareil pour le livre." Samantha Geimer et Polanski ne se sont plus jamais croisés depuis le 10 mars 1977, mais le plus étonnant peut-être est qu'ils correspondent par e-mails. " On n'est pas amis. Mais c'est plus simple de se parler directement, plutôt que par avocats interposés."

   C'est Polanski qui a fait le premier pas. Après la sortie au début de 2009 du documentaire de Marina Zenovich, " Wanted and Desired ", qui exhumait l'affaire et dans lequel Samantha Geimer était interviewée, le réalisateur lui a envoyé une lettre d'excuses.

   " Cela a fait du bien à mon entourage. Ils ont pu tourner la page. Enfin, presque. Ma famille a été détruite par cette histoire. Ma mère n'arrive même pas à prononcer son nom. Elle s'en veut tellement d'avoir été si naïve, de n'avoir pas su me protéger. Mon beau-père, Bob, décédé il y a peu, ne s'en est jamais remis non plus. C'était un sujet tabou, on n'en parlait pas du tout."

   La publication en France de " La Fille " a été acrobatique. Le livre devait à l'origine être publié chez Michel Lafon, mais la fuite sur internet du titre provisoire " Moi, Samantha Geimer, 13 ans, violée par Roman Polanski " a provoqué un psychodrame. Tandis que les avocats échangeaient sur le mode " Etiez-vous au courant ? Mais absolument pas, je suis estomaqué ! ", Polanski a, selon nos informations, écrit à Samantha : " Chère Samantha, ce titre correspond à votre voeu ? " " Chère Samantha " a alors répondu à " cher Roman " : " Pas du tout, ce n'est absolument pas ma volonté. Je suis bouleversée. J'ai tout fait arrêter." Et c'est ainsi que Plon a remporté le contrat.

   Samantha Geimer raconte désormais son histoire, mais répète qu'elle " souhaite ne pas faire d'ennuis à Roman " (!). Difficile, pourtant, d'éviter de prononcer le mot qui fâche : " viol ".

   " A l'époque, je croyais qu'un viol, c'était lié à de la violence, de la brutalité. Lui, il ne m'a pas agressée, il ne voulait pas me faire mal. Mais j'ai dit non. Et j'avais 13 ans. Donc il n'y a aucun doute, c'était un viol. Comme il en arrive tous les jours. Sauf que moi, j'ai été violée par une célébrité." Souhaite-t-elle revoir son agresseur ? "

   C'est étrange. Je ne m'étais jamais posé la question avant. J'étais à Hawaï. Lui, en Europe. Est-ce que je veux le voir ? Je crois que je préfère ne pas y penser."

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Doan Bui

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Source Le Figaro Publié le 20 octobre 2013 à 08h42

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